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Dépression prénatale : la maladie du silence





Aujourd'hui je sens le besoin de vous écrire sur la dépression prénatale : il s'agit de la dépression qui survient chez la mère pendant la grossesse.

La dépression prénatale est assez méconnue, car difficilement avouable, et pas toujours diagnostiquée.

Alors que les compliments vont bon train sur la grossesse par des

Comme tu as bonne mine !

ou des

La grossesse te va à ravir! ,

la plupart des gens de l'entourage de la femme enceinte ne sauront pas que la future maman implose, tant elle ne supporte plus de ne pas aimer être enceinte, et tant elle va culpabiliser en pensant que ce qu'elle ressent n'est pas "normal".

Elle brûlera de rétorquer qu'elle ne va pas bien car elle a passé la journée à avoir la nausée, qu'elle est encore fatiguée de subir ce corps étranger qui a pris place en elle, qui lui pompe de l'énergie, parfois TOUTE son énergie. Elle pensera à balancer à la figure toute sorte de désagréments possibles pour qu'on arrête de lui faire croire qu'être enceinte est la plus belle chose qui puisse arriver à une femme.

Et pourtant, la femme enceinte se taira. Elle ne dira pas qu'elle déteste avoir cette impression de n'être qu'un incubateur pour ce petit bout de vie avec lequel elle n'a pas encore établi de lien d'amour. Elle se taira car elle en est honteuse, et coupable :

Coupable que tout ne se passe pas comme il faudrait ;

Coupable de ne pas être ravie ;

Coupable de faire subir cela à son (sa) partenaire de vie ;

Coupable de porter la responsabilité que son bébé à venir puisse pâtir de cet état dépressif ;

Coupable de ne pas l'aimer.


Elle ne dira rien car elle n'a pas envie d'entendre qu'elle a tort de penser cela, ou pire, qu'on lui dise qu'on la comprend et que ce n'est pas "grave". Pour elle, ça l'est.


Oui, il arrive que la grossesse ne soit pas un plaisir. Oui, il arrive de la subir.

Afin d'être dans la compréhension des enjeux psychiques lors de la grossesse, notamment dans les débuts, je vous oriente vers quelques articles, sur :



J'ai connu des moments de déprime durant ma propre grossesse, sans pour autant être dans un état dépressif. Si je vous en parle aujourd'hui, c'est parce que deux futures mères de mon entourage sont dans ce cas. Et elles en ont le droit.

Tu devrais être contente, tu portes la vie !

Imaginez un peu l'état de culpabilité de la future mère en entendant de tels propos !

Nous vivons dans une société qui se sent le devoir de commenter chaque état d'âme de la jeune maman. Et si nous nous contentions d'écouter, tout simplement ? Sans jugement, sans avis. Juste être une oreille.



Et papa dans tout ça ?

Non, il n'est pas en reste. Il partage la souffrance de la mère presque autant qu'elle, mais à différents niveaux :

-il voit sa compagne être mal en point, et subit souvent la situation

-il se sent impuissant

-il voudrait aider à son niveau, ne sachant comment faire, quoi dire

-il se sent seul

-il ne sait pas la juste mesure tolérée par la future maman : quelle sera son seuil de tolérance aux remarques/blagues/câlins, en fonction des hormones, de l'évolution de sa maladie dépressive, de son cheminement de pensée ?

-il prend la charge de la gestion du foyer pour que madame se repose, et fait en sorte qu'elle puisse s'y sentir bien


Aux papas aidants, bravo ! Continuez ainsi !


Aux mamans enceintes, éprouvant des difficultés, et se retrouvant dans mes écrits :

-vous pouvez vous en remettre, vous n'êtes pas des extraterrestres, vous êtes juste sous l'effet fluctuant d'hormones qui vous jouent de vilains tours

-vous n'êtes pas les seules

-entourez-vous de personnes qui vous font du bien (évitez au maximum celles qui vous culpabilisent)

-sortez de chez vous, autant que faire se peut : un café ? un jus de fruits frais ? une virée à la plage ? une ballade en montagne ? un spectacle humoristique ?

-parlez-en avec un professionnel (vraiment, c'est important : vous pourriez mettre le doigt sur des points importants)

-vous pouvez même venir m'en parler à moi, l'inconnue d'un jour, absolument pas professionnelle de la santé, mais juste une maman qui a broyé du noir, qui sait, et qui peut écouter sans juger.


D'ordinaire, je clos mes articles par des conseils, mais comme je me les suis déjà permise, je vous quitte sur deux références que j'adore :

-Une chanson de Lynda Lemay : Maudite prière

-Une lecture d'Isabelle FIlliozat : Il n'y a pas de parent parfait


A tous, je vous souhaite de vous sentir bien dans votre corps, bien dans votre tête.

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