Mon salon étant devenu un parc de jeu géant, je me suis mise à compter le nombre de jouets qu’il y avait chez moi : 29. Vingt neuf jouets pour un bébé de 13 mois. Je trouve que c’est énorme, vu l’utilisation que ma petite puce en fait (ou n’en fait pas, justement ! ), et également vu la place que cela prend.
Et voilà que je me plains alors que tant d’autres parents sont envahis par bien plus en quantité ! Remercions les fêtes de Noël, les anniversaires, les publicités, les rayons de supermarchés, ...
Posons un peu les choses.
JEU ≠ JOUET
Le jeu est une activité physique ou mentale ayant pour but le plaisir. Le jouet est un objet qui permet le jeu. Le jeu ne se limite donc pas au jouet. Le jeu est pour l’enfant un moyen d’expression, de libération, d’apprentissage. Nous, parents, savons qu’il est important que l’enfant joue, car en toute connaissance des effets bénéfiques du jeu sur le développement des petits, nous avons à cœur que nos bambins grandissent dans les meilleures conditions.
Il existe plusieurs types de jeux :
-les jeux d’éveils (hochets, jouets musicaux)
-les jeux d’imitation (cuisinières, ateliers de bricolages)
-les jeux de rôle (jouer au papa et à la maman, au docteur)
-les jeux d’extérieur (l’incontournable cache-cache, ou le merle)
-les jeux de société (petits chevaux, jeu de l’oie, Dobble)
-les jeux virtuels (sur consoles, ordinateurs, tablettes)
La liste est bien longue. Il en existe une multitude, on peut en trouver la typologie sur le net sans problème.
Bien souvent, les parents se posent mille et une questions sur le jeu : A quoi jouer ? Comment ? Dans quelle mesure l’enfant peut-il jouer seul ? Comment ose-t-il me dire qu’il s’ennuie alors qu’il a une tonne de jouets ? Comment être sûr de lui acheter le « bon » jouet ?
Selon l’âge de l’enfant, vous trouverez votre bonheur (et le sien !) aussi bien en magasin que dans le fond de votre jardin. N’avez-vous pas remarqué qu’un enfant sait se contenter de peu ? Vous pouvez lui acheter le plus beau (et cher, souvent cela va de pair !) des jouets qu’il va s’enticher d’une bouteille en plastique qu’il cognera avec une petite cuillère. Tout simplement parce qu’il expérimente. Il en a besoin : gardons à l’esprit que l’enfant à besoin d’observer, toucher, manipuler (mettre en bouche aussi), expérimenter et recommencer tout cela, pour appréhender le monde qui l’entoure. N’oublions pas que ce monde est nouveau pour lui, qu’il a soif de découverte. Est-ce si grave qu’il se salisse les mains en allant toucher les petites fourmis dans la terre ? Ce ne sont pas les jouets derniers cris qui le lui permettront. L’on peut comprendre alors qu’il n’en a que faire de recevoir un énième doudou musical, ou d’un canard en plastique lumineux quand il n’a qu’à tendre les mains pour explorer les objets de la vie quotidienne, ou s’il est chanceux, un petit brin de nature...
Je ne suis pas contre les jouets, clairement pas. Mais je pense qu’il est important qu’un parent identifie ce qu’un jouet peut apporter à son enfant.
Dernièrement, j’ai filmé ma douce T. en train de s’amuser avec les cailloux de l’entrée (Quelques secondes de vidéo sur la page Facebook : Cliquez ici !).
Comme ça, ça n’a l’air de rien. Elle met des cailloux dans sa barquette, elle les enlève, puis elle recommence. Et ainsi de suite, sans se lasser. J’ai été interpellée quand je me suis aperçue qu’elle l’a fait pendant une vingtaine de minutes. Pour moi, c’était long de la surveiller à faire ses petites affaires avec les cailloux, mais pour elle, ç’avait l’air d’être la grande éclate ! De mon point de vue d’adulte, je sais bien qu’en manipulant les cailloux de la sorte, elle développe ses capacités motrices, sa concentration, son attention. De son côté, elle n’a pas conscience de tout ça, elle éprouve juste le plaisir du jeu. Jusqu’alors, j’ai toujours un peu de mal à comprendre ce qui l’anime, mais je lui fais confiance, alors je la laisse faire.
L’enfant saura toujours nous faire comprendre ce qu’il souhaite et ce qu’il désire, par un moyen ou un autre.
Je tiens à remercier les mamans qui ont participé à cet article en m’envoyant leurs soucis rencontrés au quotidien ainsi que leurs questions.
Ainsi, voici ce que j’ai sélectionné :
Comment ne pas céder aux jouets « effets de mode » ?
Trouvez des alternatives à l’achat : vous pouvez bien tenter de les fabriquer avec votre bambin, ce qui vous offre dans le même temps l’opportunité de passer d’agréables moments avec lui ; ou bien il est possible de réfléchir avec lui à un substitut de ce jouet , tout en l’invitant à réfléchir sur son besoin de posséder le jouet dernier cri : lui est-il réellement nécessaire ? Tout dépendra de l’âge de votre enfant et de ses possibilités réflexives sur le sujet.
« Je ne m’en sors plus, il y a trop de jeux à la maison, ça me déprime ! »
Pour preuve, voici une photo que la charmante maman m’a envoyée, toute hésitante, de peur de jugements (Non, jamais ! ) :
« J’ai un fils qui aime les jeux de fille. Est-ce que je le laisse jouer aux poupées ? J’ai peur que les autres enfants se moquent de lui à l’école. »
Évidemment que vous pouvez le laisser jouer aux poupées ! Bien que je puisse comprendre qu’il est difficile de voir son enfant possiblement rejeté par autrui, je ne peux pas concevoir que l’on étiquette les jouets, encore de nos jours. Pour moi, il n’y a pas de jouets pour filles ou jouets pour garçons. Il y a des jouets. Chacun joue comme il le souhaite. En jouant à la poupée, votre fils développe sa créativité, interagit avec une représentation de lui-même (poupée = représentation d’un petit être humain, tout comme lui), avec laquelle il peut partager des moments déjà vécus, ou encore se libérer de frustrations. Pourquoi l’en priver ?
Avant de vous quitter avec l’habituelle partie « Conseils », je tiens à signaler que nombreuses sont les familles parmi lesquelles aucun jouet n’est acheté aux enfants, pour la simple et bonne raison qu'elles en ont fait le choix : non habitués, les enfants parviennent à s’en passer. Le jeu n’impose pas le jouet.
Mes conseils sur le jeu :
-Préférez la qualité à la quantité. Cela ne sert à rien de couvrir votre enfant de jouets alors qu’il ne saura ni où poser les yeux, ni où donner de la tête. Faites d’ores et déjà un tri : vous y verrez tellement plus clair !
-Etablir un « coin jeu » : que ce soit une pièce entière, ou un petit espace en coin, permettez à votre enfant de disposer d’un endroit où il sera libre de jouer sans la contrainte de ranger à tout bout de champ. Cela vous permettra à vous parent de voir un peu plus clair dans les autres pièces de la maison.
-Ne tombez pas dans le piège de la culpabilisation : "à ton âge, ta sœur jouait déjà à la dinette!". La comparaison de deux enfants, premièrement, est loin d'être d'une grande bienveillance, et deuxièmement, empêche l'enfant de sentir qu'il est considéré en tant que personne à part entière, une personne avec des sentiments et des besoins différents de ceux des autres membres de sa famille.
-Laissez votre enfant grandir à son rythme : nul besoin de le sur-stimuler avec tel ou tel jouet, il s’y intéressera quand il sera prêt, ou même ne s’y intéressera pas du tout, selon ses goûts.
-Permettez le détournement d’objets : par exemple,le tabouret a le droit d’être utilisé en trotteur. Votre enfant pourra développer son imagination, et il vous étonnera, croyez-moi !
-Jouez avec votre enfant. Prenez ce temps, partagez ce plaisir.
Merci aux mamans qui ont eu la gentillesse de partager avec moi leurs petits tracas autour du jeu et des jouets. J'en suis touchée, et suis encore plus motivée pour bienveiller !
Comments