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Quand allaiter fatigue...

Photo du rédacteur: Julie veut bienveillerJulie veut bienveiller

J’ai hésité à vous livrer ce que je m’apprête à exprimer ici : la lassitude d’allaiter. Mais en discutant en privé avec d’autres mamans, j’ai pu constater non seulement que je n’étais pas la seule, mais aussi que c’est un sujet qui occasionne de la gêne.

Cela m’a donné du courage pour aborder le sujet.



Quand une maman allaite, en général, elle met en avant les belles raisons qui l’ont poussé à donner le sein : le lait nourrissant, les anticorps, le côté affectif des tétées, et j’en passe... Elle tait son harassement, son envie de tout plaquer, tout simplement parce que ça ne se dit pas. Je me suis tue car je savais que j’allais être jugée, ou recevoir des conseils qui ne me plairaient pas. Opter pour l’allaitement long suscite déjà tellement de remarques désobligeantes, que je donnerai le bâton pour me faire battre en avouant qu’il m’arrive de flancher par moments !

Et pourtant, dernièrement, je me suis risquée à en parler autour de moi :

"Je suis fatiguée d'allaiter, je n'aime plus ça",

et j’ai regretté l’avoir fait lorsque je me suis vue jeter en pleine face : « T’as qu’à arrêter, ça fait déjà tellement longtemps que t’allaites », ou « Ben pourquoi tu t’infliges ça ? Moi ça a été expéditif, en 2 mois c’était bouclé, et on n’en parlait plus ! ». Pendant que les uns pensent que la mère allaitante n’a qu’à assumer de s’être mise seule dans l’embarras, les autres disent bien haut qu’il est grand temps d’arrêter.

Il me semble que les gens ne se rendent pas compte de l’impact de leurs paroles lorsqu’une maman est démunie face à un sujet qui lui tient à cœur.

Tout en cherchant à grappiller en vain un peu de réconfort, ou même une lueur d’encouragement, je me suis mise à reconsidérer mon allaitement en me questionnant sur son intérêt, sur mes positions, et sur les raisons pour lesquelles je suis lasse de nourrir au sein :


-Mise à la disposition de bébé : j’ai parfois l’impression que mon corps ne m’appartient plus. Le fait que l’allaitement se passe à la demande y est pour beaucoup : je me rends disponible dès que l’envie de téter se fait sentir.


-L’open bar : outre la façon désagréable dont opère ma chère fille pour se servir toute seule lorsqu’elle est excitée/agacée/énervée, je déplore ce qu’on pourrait appeler le « Tripotage de sein ». J’entends ici l’autre sein, celui qui n’est pas en bouche. Sa petite main baladeuse se faufile, quels que soient mes habits, et trouvent. Là, elle tripote, malaxe, pince. Non seulement c’est très déplaisant, mais également douloureux ! Mais pourquoi donc les bébés font-ils du tripotage de sein ? J’ai beau lui expliquer, elle recommence à le faire l’instant d’après, même en ayant compris qu’il ne faut pas le faire. Le collier d’allaitement n’y change rien, d’autres distractions non plus.


-Accumulation de fatigue : une fatigue en entrainant une autre (journée de travail, prises de têtes diverses, ménage, etc.), la mise à disposition du sein s’avère parfois périlleuse (Si, si, périlleuse !). Autant dire que les doux moments de partage sont quasi évanouis dans mes irritabilités.


-Changements physiques : mes seins n’ont clairement plus leur allure d’avant grossesse, l’allaitement les a abîmés, et j’ai tellement envie de les retrouver, eux qui m’appartenaient, à moi, rien qu’à moi !


Alors pourquoi est-ce que je continue ?


Tout d’abord, non, je ne suis pas masochiste.

Ensuite, je sais que c’est bon pour elle : mon lait est ce qu’il y a de mieux, et c’est probablement ce qui fait qu’elle n’est jamais malade.

Je n’oublie pas que j’ai affaire à un bébé, un petit être en construction, à qui je me dois d’apprendre à respecter mon corps. Je me dis aussi qu’il me faut m’adapter dans cette relation que l’on construit à deux. Quel message lui enverrai-je si c’était moi qui décidais de tout ?

Enfin, elle n’est pas prête.

Et je crois bien que moi non plus, car malgré toutes ces contraintes que je viens d’évoquer, demeurent encore des moments de partage et de complicité que je ne vis qu’avec elle seule. Lorsque ses petits yeux brillent de malice en tentant de jouer avec moi pendant la tétée, lorsque je vois que c’est elle qui tente de créer le lien, je me sens emplie de fierté, et de reconnaissance envers la Vie. Je crois que c’est parce qu’il existe encore des moments comme ceux-ci , qui me donnent du baume au cœur et qui m’encouragent à poursuivre, que je tiens bon.


Il serait incongru de ma part de prodiguer des conseils comme à chaque fin d’article. Je ne sais pas si j’ai réussi à traduire tout ce qui se joue lorsqu’une maman donne autant de son corps, sinon de ce qu'il en est pour moi.

Je sais que si une mamallaitante venait chercher du réconfort auprès de moi en témoignant de ses difficultés rencontrées, je l’inviterai à se repositionner face à son allaitement, en prenant bien en considération ses désirs, ses besoins, ainsi que ceux de son bambin.


Nourrir son enfant au sein est merveilleux, dès lors qu’on ne subit pas son allaitement. Je pense que toute maman a le droit de ne plus aimer allaiter, de craquer, même de péter un câble ! Dans toute relation il y a des hauts et des bas, des moments plaisants, des moments difficiles. Lorsque l'on est plongé dans ces derniers, juste le fait de se souvenir du Beau peut évincer ce qui l'est moins, et permettre d'aspirer à des jours meilleurs.

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